Après Brice Lalonde, Antoine Waechter, Xavier
Bertrand et d’autres, c’est à Julien Aubert, député du Vaucluse, de nous
alerter :
« Ne nous laissons pas aveugler par
l’apparence vertes des éoliennes terrestres. »
« Pour préparer la transition
énergétique, le ministre Nicolas Hulot veut développer les énergies
intermittentes disposant d’un mauvais bilan carbone, en favorisant notamment
l’implantation de 20 000 nouvelles éoliennes terrestres, alors que la France
connaît une véritable crise de saturation de l’implantation des éoliennes.
Cette crise est d’abord sociale, le ministre
lui-même avait reconnu que « les résistances ont été peu prises en
compte ». Force est de constater que l’acceptabilité sociale n’est toujours
pas au rendez-vous. La colère gronde et les Français qui soutiennent ces
installations sont généralement les premiers à refuser de voir leur campagne,
leur paysage et leurs champs parsemés d’arbres d’acier.
Prenons l’exemple du projet d’une centrale
éolienne entre Yeu et Noirmoutier, une enquête a montré que 80 % des citoyens
concernés se sont déclarés opposés à ce projet. Nous sommes donc face à un
paradoxe : plus il y a de résistance sociale face à l’aménagement d’éoliennes,
plus le gouvernement décide d’en construire, de sorte que le taux de recours
contre l’implantation d’éoliennes atteint aujourd’hui les 70 %.
Cette crise est aussi industrielle et
économique : l’éolien « made in France » demeure encore très
squelettique. Alors qu’on recense 125 000 emplois directs dans le secteur du
nucléaire, la filière du vent compte seulement près de 16 000 emplois directs.
De plus, 95 % des éoliennes installées en France jusqu’en 2014 provenaient de
fabricants étrangers.
Enfin, le sujet est financier. L’exemple
récent le plus criant est celui des six projets de parcs éoliens offshore sur
les côtes bretonnes, pour lesquels il était initialement prévu que l’Etat
apporte une aide de 40 milliards d’euros, sans aucun débat préalable au
Parlement.
Depuis, l’adoption d’un amendement au projet
de loi dit « société de confiance » permettant à l’État une
renégociation du tarif de rachat de ces centrales éoliennes côtières a été
adopté. Mais le président Macron a semé le trouble le 20 juin dernier en
confirmant la poursuite de ces six projets, bien qu’annonçant une baisse de la
subvention de 40 %.
Il est essentiel de permettre au Parlement
d’obtenir le dernier mot sur le rachat des six parcs éoliens et d’organiser un
moratoire sur le sujet.
Regardons la conséquence directe des
investissements dans l’éolien terrestre et dans l’éolien offshore sur les côtes
au plan écologique. L’indisponibilité de 76 % de la puissance de cette énergie
rend nécessaire la réouverture de centrales à gaz et même la construction de
nouvelles.
Autant dire que le couplage carbone des
éoliennes et des centrales thermiques est une catastrophe pour l’environnement,
ce que le cas de l’Allemagne illustre parfaitement.
On se souvient que l’Allemagne avait investi
300 milliards d’euros dans l’éolien et ce qui en fait l’un des premiers
producteurs d’énergies provenant du vent. Pour autant, l’Allemagne dispose
d’une empreinte carbone que la France ne peut envier ; il y a 52 % de
combustibles fossiles dans l’électricité allemande contre seulement 6 % pour
l’électricité française.
En conséquence, les éoliennes allemandes sont
sous perfusion de combustibles fossiles, dont le lignite, un charbon peu
efficace mais surtout extrêmement polluant. Les arbres blancs des éoliennes
dissimulent en réalité une gigantesque mine fossile.
Toutefois, il convient de distinguer l’éolien
terrestre de l’éolien flottant en mer qui comporte un taux de disponibilité qui
dépasse largement les 22 % du secteur de l’éolien terrestre et atteint en
moyenne 60 % de sa puissance. De plus, le potentiel touristique et les
économies locales peuvent être préservés, à condition que les éoliennes soient
installées à un minimum de 50 km des côtes.
Ne nous laissons pas aveugler par l’apparence
verte des éoliennes terrestres. Elles doivent appartenir au passé si l’on ne
veut pas que les combustibles fossiles fassent partie de notre avenir. Osons
voir que ces arbres blancs ne sont pas verts. »
La Revue Parlementaire, p.40 – Septembre 2018
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