« Don Quichotte est de retour. Un vent de colère souffle contre
les éoliennes. De l'illustrateur Philippe Dumas au président de la région des
Hauts-de-France, Xavier Bertrand, des voix de plus en diverses s'élèvent contre
ces pylônes de plus de cent mètres de haut qui défigurent le territoire
terrestre et, demain, maritime. Pêcheurs bretons, paysans normands, défenseurs
du patrimoine, de l'environnement ou simplement des finances publiques, la
coalition antiéolien gonfle comme un spi.
Les reproches s'accumulent:
atteinte à l'intégrité des paysages et au cadre des monuments historiques,
pollution sonore ou lumineuse, danger pour les oiseaux migrateurs ou la faune
marine. Sans oublier l'accusation majeure: le tarif exorbitant du rachat
garanti de l'électricité produite par cette forêt de mâts dont il faut
souligner que les pales ne tournent que 23 % du temps en moyenne.
Quel gâchis. Quel triste
chemin parcouru entre l'idée initiale, séduisante, d'utiliser la force du vent
pour produire une électricité renouvelable et sa réalisation, qui fait
aujourd'hui figure d'épouvantail et s'annonce comme un gouffre financier. Que
d'amateurisme, d'incohérences.
Comment expliquer, par
exemple, que tandis que l'on continue à enterrer les fils électriques, on
parsème les champs - et bientôt les océans - de piliers coulés dans le béton
dont nul ne se soucie de savoir ce qu'ils deviendront lorsqu'ils seront
obsolètes? Prodige de la technocratie. Conduite à coups de subventions et de
promesses illusoires, livrée à l'air du temps et teintée de frénésie
idéologique, notre politique énergétique manque de vision globale et à long
terme.
Lorsque, au lendemain de la
Seconde Guerre mondiale, la France fit le pari du nucléaire, ce choix fit
l'unanimité et fut un succès. À l'heure où s'impose la nécessité de faire
évoluer ce schéma, Emmanuel Macron, qui aime à se draper dans les habits du
général de Gaulle, se doit d'en redéfinir, dans la clarté, les contours et les
enjeux. Loin des «petits arrangements entre amis» et du saupoudrage arbitraire,
la politique énergétique française mérite mieux que des battements
d'ailes. »
Source :
Éditorial du Figaro du 7 août 2018 ICI
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